Après un bon brunch…
Les relations entre les esthétiques et les outils numériques
Selon que l’on considère l’outil de création par son approche instrumentale (instrument, prothèse) ou comme un environnement, la question de l’esthétique se révèle essentielle. Les outils de création dégagent une esthétique que l’on peut identifier. Quelles conséquences a donc cette identification sur le processus de création ? Quelle évolution esthétique cela donne-t-il aux sites ou aux œuvres ? Une esthétique résulte-t-elle de l’utilisation de certains outils ?
Si nous regardons des outils de création comme Flash par exemple, celui-ci offre un double accès qui signifie une philosophie de conception non sans répercussion sur la façon de représenter l’information. Nous pouvons donc dire qu’il détermine une esthétique bien particulière et identifiée. Des événements tels que le Flash Festival (http://flashfestival.fr), en regroupant des communautés autour de la pratique de cet outil, confirment cette position.
Processing, développé par Ben Fry et Casey Reas, est à l’origine un prolongement de Design By Numbers, un programme conçu par John Maeda au MIT qui constatait dans son livre Maeda@Media (2000) combien les designers étaient influencés par des logiciels comme Photoshop ou Illustrator qui favorisaient à son avis l’émergence d’une esthétique standardisée. L’atout de Processing, apparu en 2001 et spécialement conçu pour des créations numériques interactives, est la simplicité, aussi bien dans la mise en œuvre que dans la syntaxe de programmation. L’introduction de modules permet une étendue très grande des capacités à créer et à produire des visualisations.
Lev Manovich, dans son livre Software Takes Command (2010), parle de « logiciel culturel ». En prenant l’exemple d’After-Effects, il démontre que les outils ont un effet sur l’esthétique contemporaine. Les mêmes techniques et des « stratégies visuelles » apparaissent également dans tous les types de projets conçus avec l’outil-logiciel sans que cela soit consciemment ?planifié. Déjouer ces standards peut avoir un certain intérêt : surprendre le lecteur, attirer son attention par l’inattendu, voire le faire réfléchir sur ses habitudes et pratiques du numérique.
Article publié sur le site aierti.