Devant la difficulté que je rencontre à écrire, produire, lire, me concentrer, il va me falloir inventer de nouvelles façons de contourner ma propre résistance. En posant les choses ainsi, en une phrase de deux lignes, je m’aperçois que la tâche est complexe. Plusieurs défis s’annoncent. Ecrire, produire, je vois de quoi il en retourne. Mais lire, et me concentrer, relève pour moi de l’impossible en ce moment. Pourtant ces deux activités que sont la lecture et l’écriture se nourrissent l’une l’autre. Comment penser qu’il est pensable d’écrire sans lire et réciproquement. La lecture annonce déjà l’écriture au fond de soi. Je m’invente donc un processus, supposément destiné à produire un résultat. Je passe d’une page à l’autre. D’une page web à une autre. Je surfe d’onglets en onglets, allant d’une idée à une autre, d’une phrase à l’autre. C’est comme si j’écrivais plusieurs communications en même temps. Pour faire une pause, je me lance dans l’écriture d’un email, dont je veux une certaine structure. Contrairement à mes pavés. celui-ci s’adresse à mon lecteur. Je dois donc convaincre, ou argumenter. Je reviens sur mon blog. Je poursuis l’écriture de mon billet. Je m’échappe soudainement, une idée en chassant une autre, pour revenir à l’onglet précédent et continuer mon travail de synthèse du colloque sur les blogs. Comment penser la concentration dans un tel état de recherche ? C’est surement aussi parce que je cherche la structuration. N’avons nous pas été formatés pour être structurés ? Je parle de mes générations bien sûr, celles nées avant l’Internet et le Web. Et nous voici plongés, immergés dans un monde fragmenté. Je m’habitue cependant très bien à cette pratique d’un nouveau temps. Je souffre plus dans le ressenti de ce que cette pratique implique, que dans les sauts de puces opérés. Il me suffirait de penser qu’elle vaut pour qu’elle s’incarne, qu’elle soit.
10 avril 2012